« Nous », c’est le nouveau roman de Christelle Dabos, dont j‘avais beaucoup aimé la série de La passe-miroir, mais dont le livre suivant Ici et seulement ici ne m’avait pas attiré. Sauf que là, entre l’objet lui-même (qui est sublimement édité), et mon amour de dystopie, j’étais obligé de craquer.
Je vous fais le pitch
« Nous », c’est donc une dystopie, dans un monde un peu rétro, un peu vintage (disons années 80 car on y croise des minitels et des walkmans). Dans ce monde, tout le monde a un instinct, contre lequel il ne peut lutter. On nait avec, il se révèle pendant l’enfance, puis on le développe pour le bien du Nous. Les grandes catégories d‘instincts peuvent être réparer, soigner, écouter ou protéger, mais il existe des multitudes de déclinaisons, et de portées. Tout le monde a un instinct, et l’utilise pour le bien du « Nous », c’est-à-dire pour le bien commun devant lequel l’individuel s’efface. Pas de place à l’individuel, cela veut dire aussi que le Nous est à la fois le principe qui régit ce monde, mais c’est aussi sa religion et son gouvernement, via la Bureaucratie Instinctive, constituée de « Saints », c’est à dire de personnes qui ont sauvé des vies grâces à leurs instincts (11 vies sauvées font de vous un vertueux, 101 vies pour un ange, et ainsi de suite avec les archanges, les trônes, les chérubins, les séraphins, etc).
Le roman donne la parole à de multiples personnages, un par chapitre, mais deux sont nos personnages principaux :
- Claire est une confidente, un instinct qui force à écouter tout ce que les autres ont à vous dire. Les confidents se promène donc avec un baladeur sur les oreilles pour les protéger de cet instinct qui serait sinon bien trop envahissant. Quand ils retirent leurs casques, les gens ne peuvent pas, sans leur accord, leur parler en employant plus de 10 mots.
- Goliath est un protecteur, un instinct qui pousse à sauver les gens, y-compris lorsque cela vous met en danger. Les protecteurs sont souvent bien amochés, et c’est bien le cas de Goliath qui a notamment perdu ses 2 bras en intervenant sur un incendie (il a désormais 2 prothèses à la place de ses bras).
Je vous donne mon avis
J’ai beaucoup aimé la richesse de ce nouveau monde imaginé par Christelle Dabos. Il est complexe mais revelé petit à petit au lecteur, ce qui participe à le rendre à la fois passionannt et intriguant. Les aspects retro sont une belle trouvaille, car ils permettent de se projet pour mieux imaginer ce monde qui sans cela serait sans doute difficile à concevoir.
D’abord polar, pour la première partie, puis roman d’action et d’aventure pour la seconde… c’est avant tout un roman inclassable, un OLNI (Œuvre Littéraire Non-Identifiée) comme je les aime. C’est un roman jeunesse, mais comme toute bonne dystopie, il pousse à la réflexion : sur la valeur de l’individu, y-compris sur ce que son indivualité apporte au collectif, et sur le fait qu’à l’inverse, une limitation de son libre-arbitre ne rends pas forcément le collectif plus fort. Bref, il nous fait nous interroger sur notre vision du Monde. De nouveau, un imaginaire foissonnant au bénéfice d‘un roman passionnant.