Avant de vous parler du roman, je voudrais vous parler de son contexte. L’action se passe à Paris, dans un futur proche… mais ce n’est pas de la SF ou une dystopie, c’est vraiment très proche, trop proche de nous… On voit bien que le climat a continué à se dérègler et les crises à se multiplier. Mais ce n’est pas un monde postapocalyptique car, tout comme aujourd’hui, on sent bien que tout le monde continue à mener sa vie comme si de rien n’était, que médias et politique, tout comme l’essentiel de la population, sont toujours en mode « Business as usual :» alors que le monde se meurt, que les pénuries de pétrols se multiplient, que des black block sèment régulièrement le chaos dans les villes et que des réfugiés, climatiques, remontent du Sud au Nord de la France pour fuir les incendies.. On comprend aussi que d’autres crises sanitaires ont eu lieu puisqu’on ne parle plus « du » confinement mais du « premier » confinement. Bref, voici pour le contexte.
On a gâché nos crises. On les a absorbées, les unes après les autres, sans rien changer, sans rien apprendre. Leur accélération va nous enterrer.
Pour ce qui est de l’histoire, « Le cœur et le chaos » est un roman choral dans lequel trois personnages se racontent. 3 personnages, 3 voix, 3 visions du monde, 3 âges de la vie… 3 personnes très différentes mais aussi 3 âmes solitaires qui ont en commun de chercher un sens à la vie.
- Alice est proche de la quarantaine et radiologue dans un hôpital parisien. Elle trompe son ennui, et son compagnon, pour oublier qu’elle ne ressent rien avec lui et pas grand-chose en dehors de l’acte sexuel. Bref, elle est paumée.
- Iris était une pianiste célèbre. Elle a bien profité d’une vie glamour et des paillettes… mais elle est désormais nonagénaire et atteinte d’Alzheimer. Elle essaie de cacher à ses enfants la gravité de son état (il faut dire qu’elle n’a pas su tisser avec eux des liens particulièrement étroits). Elle a le sentiment de ne plus s’appartenir et ne le supporte pas…
- Aurélien est un jeune trentenaire. C’était un idéaliste qui a coupé les ponts avec sa famille bourgeoise et s’est engagé dans des communautés, notamment dans des ZAD. Aujourd’hui, c’est un livreur à vélo ubérisé et il ne se fait plus d'illusions sur la vie communautaire des ZAD ou sur la révolution qui vient. Son rêve, c’est d’économiser pour s’acheter un voilier et quitter la rive.
C’est une histoire très touchante, ces 3 destins racontent une même solitude et font un constat amer de l’état de la société contemporaine. Une radiographie bienvenue à l’heure où il serait temps de sonner l’alerte avant qu’il ne soit trop tard.