Ma lecture précédente était un autre roman d’Antoine Bello (dont j’avais déjà lu L’homme qui s’envola au mois de mai dernier). Hasard, il se situe lui-aussi en Californie (comme Little Brother je veux dire).
Franck Logan est flic. Il doit enquêter sur la disparition d’Ada mais c’est une disparition un peu particulière car Ada n’existe pas, ou plutôt disons qu’elle n’existe pas « physiquement ». Ada est une intelligence artificielle créée par la startup “Turing Corp” pionnière sur le sujet.
Je ne vous en dirais pas plus ici sur l’intrigue, sachez juste que c’est un bon polar.
Un bon polar, mais pas que
C’est un bon polar, mais c’est aussi, et c’est ce qui en fait tout l’intérêt, un roman d’anticipation. Suivre la logique d’Ada est vraiment amusant, et le roman est vraiment intelligent. Il devient presque dérangeant tant il questionne, légitimement et avec justesse, les avancées technologiques mal maitrisés et fait écho à certaines prises de paroles récentes quant aux dangers pour l’Humanité de certaines innovations, dont les recherches en Intelligence Artificielle.
Chaque innovation rendue possible par la technologie était désormais mise en œuvre sur-le-champ, sans qu’on prenne le temps d’en évaluer les implications éthiques, sociales ou économiques. On inséminait des sexagénaires, on clonait à tout-va, on changeait de sexe pour un oui ou pour un non. Le concept de vie privée perdait chaque jour un peu de sa substance : la NSA écoutait nos conversations au nom de la sécurité nationale, Google n’ignorait rien de nos petites laideurs et les maris jaloux lisaient la correspondance de leurs épouses. On greffait des cœurs, on remplaçait les articulations défectueuses par des prothèses en titane, on vaccinait es populations entières contre des maladies rarissimes. Les médias saluaient avec une unanime béatitude l’allongement de l’espérance de vie, prédisant pour bientôt l’avènement de l’immortalité. Tout cela allait trop vite pour Frank : Américains, Russes, Chinois, personne n’avait de plan, l’humanité fonçait à sa perte tel un pilote déchainé aux commandes d’un bolide dont chaque nouvelle technologie débridait un peu plus le moteur.
Retrouvez également la critique d’autres livres d’Antoine Bello : - Scherbius (et moi) - L’homme qui s’envola
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